Les hortensias sont blancs sous les fenêtres.
Blanc couleur lame de rasoir.
Blanche, la coupure. Césure. Temps mort.
Souvent je me réveille en sursaut. Les souvenirs.
Je sais que j'arrive à Paris en automne ; je suis jeune encore. Les rides sous mes yeux n'ont pas atteint le regard. Les joues sont roses.
Je ne sais de qui j'ai hérité l'âme fiévreuse. Lorsque je croise le chat des voisins, j'ai envie de l'attraper et de le jeter contre le mur jusqu'à ce qu'il éclate.
J'ai du mal à différencier les pulsions meurtrières des pulsions suicidaires. J'aimerais tellement tuer.
La vie est lourde comme du linge mouillé. Je parle de l'ennui, de la fatigue. J'ai toujours eu un penchant certain pour l'ennui, il me fascine et me happe, comme le reflet d'une arme.
L'automne chaque année marque la fin du supplice de la chaleur.
Celle qui me fait me trainer comme un poids mort, une déchéante, une déchirée. Je n'ai pas connu la froideur véritable des paysages de mes origines, de la mer, et pourtant je suis comme ce pays que je ne connais pas, austère et secrète.
Je ne me baigne pas dans la mer. Elle est froide, elle est ironique, elle est dangereuse. Elle se moque de moi. La plage est une étendue grise et morose, couleur de morgue.
Aujourd'hui je me penche à la fenêtre, les hortensias sont roses. J'ignore combien de temps a passé.